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Louis Boulanger (ILB Labs) : « L’attractivité d’une place financière n’est pas crédible sans la mesure de sa dimension durable »
Environnement 12.12.2023 |Par Firmin Sylla

Louis Boulanger (ILB Labs) : « L’attractivité d’une place financière n’est pas crédible sans la mesure de sa dimension durable »

Directeur de l’Institut Louis Bachelier Labs, Louis Boulanger nous explique en quoi l’OFEX est un indice de qualité pour mesurer l’attractivité des places financières.

Finance Responsable. Vous êtes responsable d’une étude qui a largement été diffusée ces derniers jours. On y apprend que Paris est la 5e place financière mondiale en termes d’attractivité. Quelle est l’origine de ce projet et quels sont les objectifs du classement issu de l’Open Financial Ecosystem indeX (OFEX) ?

Louis Boulanger. L’idée de créer un indice – l’Open Financial Ecosystem indeX (OFEX) – pour mesurer l’attractivité des places financières a émergé post-Brexit. À l’instar d’autres institutions, nous nous sommes demandés quel serait l’impact de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne sur les écosystèmes financiers. Est-ce que le Brexit constituerait une opportunité ou une menace pour les grandes places financières en Europe ? Finalement, nous avons étendu notre recherche au monde entier puisque les places financières forment un réseau global fortement interconnecté.

Bien sûr, avant de concevoir l’OFEX, nous avons analysé les indices existants. Aucun d’entre eux n’a complètement satisfait nos attentes. En fait, les indices sont rares, souvent ponctuels et financés par des acteurs du marché. Et quand ils sont réguliers et mis à jour, ils contiennent, à notre sens, des biais subjectifs, ou manquent de transparence. Or, il nous apparaît également essentiel de produire un indice objectif, basé sur une méthode de calcul aussi scientifique que possible et transparente. C’est la raison d’être de l’OFEX.        

Finance Responsable. Quelles sont les caractéristiques de l’OFEX ? 

L. B. L’OFEX est avant tout un indice qui vise à être objectif. Contrairement à certains outils existants, l’OFEX exclut les sondages de sa collecte de données. Ce biais subjectif peut avoir un intérêt, mais il reflète davantage la perception de l’attractivité d’une place plutôt que son attractivité réelle. L’OFEX vient donc compléter ces outils.

Ensuite, l’OFEX est un indice transparent. Son architecture ouverte permet à n’importe qui de sonder les sources des informations collectées, des méthodes utilisées, et des résultats produits.

Aussi, quoique exigeant, l’OFEX est un indice simple, lisible. L’ambition était à la fois de construire un outil permettant de mesurer toutes les dimensions de l’attractivité, tout en facilitant sa compréhension par le plus grand nombre.

Enfin, l’OFEX est un indice scientifique. En effet, nous nous sommes interrogés sur la meilleure façon de définir puis de mesurer l’attractivité. Ce travail de longue haleine a été mené par des chercheurs de l’Institut Louis Bachelier et du Center for Financial Studies (CFS) de l’Université Goethe de Francfort. 

Finance Responsable. Quels sont les premiers retours du marché sur l’OFEX ? 

L. B. Les retours du marché sont très positifs. L’OFEX est complémentaire au standard actuel qu’est le GFCI. C’est en quelque sorte son pendant objectif. D’ailleurs, ce serait intéressant de mener une étude comparative des deux indices. 

Pour l’heure, plusieurs places financières nous ont contactés pour en savoir plus sur l’indice, et appréhender son utilisation. Un webinaire technique est d’ailleurs organisé le 18/12 à 13h pour cela. 

D’autres places financières souhaitent aussi en faire partie en vue de sa prochaine édition. En général, si un écosystème n’est pas classé, c’est que nous n’avons pas assez d’informations fiables pour le faire. Cela peut donc les entraîner à communiquer davantage d’informations pertinentes auprès des sources que nous utilisons. 

Bien sûr, il y a aussi le sujet de la position dans le classement. Il faut alors faire preuve de pédagogie et expliquer aux acteurs quels sont leurs points forts et leurs faiblesses. In fine, il s’agit d’aider ces entités, pouvoirs publics ou opérateurs privés de marchés, à comprendre comment améliorer leur contribution à l’écosystème dont ils font partie.   

Finance Responsable. L’attractivité d’une place financière passe forcément, aujourd’hui, par la prise en compte des enjeux ESG. Comment sont-ils intégrés dans l’indice OFEX ? Quel est leur poids par rapport à des indicateurs financiers plus classiques ?

L. B. La taille d’un marché financier contribue en partie à son attractivité. Mais en réalité, il existe quatre grandes catégories d’indicateurs constatant l’attractivité d’une place. Le développement du secteur financier, l’environnement des affaires, le capital humain, et les infrastructures. La première famille, liée au dynamisme économique, est pondérée à hauteur de 50 % du score OFEX. Les trois autres demeurent équivalentes en termes de poids dans l’indice. C’est un parti pris. Pour le contrebalancer, nous avons mis à disposition un simulateur permettant de régler manuellement la pondération d’une catégorie ou d’une autre.  

Concernant la prise en compte des enjeux ESG, elle existe bien naturellement. D’ailleurs, l’Institut Louis Bachelier est une organisation référente en France sur la finance durable – une fondation pour fédérer l’écosystème de la finance durable autour de la recherche dans ce domaine est en cours de création. 

Néanmoins, il est vrai que l’ESG ne constitue pas le noyau de l’OFEX. Nous voulions mesurer l’attractivité au sens large, à travers tous ses états. De plus, en matière d’ESG, nous faisons face à une contrainte technique. Pour rappel, notre approche est objective et rigoureuse, et repose sur des sources de données ouvertes mondialement reconnues. Problème : il est encore très difficile aujourd’hui de collecter des informations fiables et centralisées sur l’ESG chez ce type d’acteurs (OCDE, FMI, BRI…), même si certains d’entre eux y travaillent en ce moment.

Finalement, nous avons décidé de créer en interne deux indicateurs témoignant de la finance durable au sein des écosystèmes. Le premier, sur les émissions obligataires durables, de type green bonds. Le second, sur l’implémentation de la finance durable par les opérateurs boursiers. En tout état de cause, l’attractivité d’une place financière n’est pas crédible sans la mesure de sa dimension durable.    

Par ailleurs, dans le cadre de nos travaux sur la recherche de durabilité au sein des écosystèmes financiers, le point de départ terminologique a été source de débats. En effet, qu’est-ce que la durabilité d’une place financière ? Il n’existe pas de définition formelle de ce concept, et les définitions varient fortement selon les statuts des uns et des autres. Des premiers travaux menés à l’ILB ont abouti à la mise au point d’une première définition d’une place financière durable :

« Une place financière durable est une place financière qui facilite l’orientation des flux financiers vers des acteurs, actifs et projets prenant en compte les dimensions E, S et G via une approche de double-matérialité (impact et risque). »

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